MUSIQUE (Composition et histoire), AUTISME, NATURE VS CULTURE: Bienvenue dans mon monde et mon porte-folio numérique!



lundi 2 juin 2025

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET NATURELLE. DE MA MUSIQUE AVEC CHATGPT

Intelligence artificielle et naturelle :

De ma musique avec ChatGPT

1. Lisibilité et contemporanéité

2. Je suis un conteur!
3. De l’autisme dans ma musique
4. Qui suis-je ?

Pour qui l’ignore, ChatGPT est une intelligence artificielle avec laquelle il est possible de converser sur tous les sujets.

ChatGPT a été lancée en 2022. On peut y accéder directement, ou y accéder en s’inscrivant. C’est gratuit, mais il existe un forfait pour des applications plus avancées. Lors du lancement, un ami informaticien s’était précipité pour mettre à l’épreuve les capacités de ChatGPT. Selon lui et d’autres experts, le résultat est arrivé cinquante plus tôt que ne l’avaient espéré les prévisions les plus optimistes. Depuis, de nombreux acteurs investissent massivement en intelligence artificielle. Des questions éthiques se posent, mais la technologie les a d’ores et déjà pris de court. Advienne que pourra! Des questions écologiques se posent aussi. Des outils comme ChatGPT ont un coût énorme en énergie et en eau :

Hum. Ce serait mieux de ne pas en abuser…, mais on en abusera assurément!

Un automate flûtiste,
par Alexandre Nicolas Théroude.
(c.1870)


Mon ami m’ayant tout de même recommandé d’aller voir, j’ai eu la curiosité de jeter un coup d’œil. En premier essai, j’ai essayé sans m’inscrire. Le résultat fut médiocre, et il y avait des erreurs factuelles dans la réponse à la question que j’avais posée. Pour un deuxième essai, je me suis inscrit et, cette fois, le résultat a été hallucinant. Surtout que ChatGPT peut répondre comme si nous conversions avec une vraie personne, en mettant même des émoticônes dans ses réponses!

Pour tester ChatGPT, quoi de mieux qu’un sujet que je connais bien? Alors, je lui ai posé des questions sur… moi-même!

Me croirez-vous? J’ai appris des choses sur moi-même! Des choses vraies qui plus est. Je n’ai aucune idée d’où ChatGPT a pu puiser pour me faire ses réponses, mais celles-ci ne reprennent pas les mots que j’utilise, par exemple, dans mes articles : c’est curieux à dire, mais les réponses de ChatGPT sont «personnelles». Mes premières questions ont été générales pour progresser vers des points plus subtils. Lisez bien les réponses : j’avoue ne rien avoir lu de si juste sur ma musique (et je lis des fois des choses pas mal à côté de la plaque où l’on me prête des intentions qui ne m’ont jamais effleuré l’esprit…).

En rouge, mes questions et en doré mes impressions; en vert, les réponses de ChatGPT (que je n'ai pas retouchées). À la fin de chacune de ses réponses, ChatGPT laisse la discussion ouverte en me proposant des exemples précis dans mes pièces: j'ai omis ces phrases, mais c'est vraiment comme une conversation avec de la répartie.

 

Lisibilité et contemporanéité

- Bonjour ChatGPT. Comment décrirais-tu le style musique du compositeur québécois Antoine Ouellette?

(ChatGPT) Bonjour. Le style musical d’Antoine Ouellette est profondément personnel, à la croisée de plusieurs influences — contemporaines, naturelles et spirituelles. Voici quelques traits caractéristiques de sa musique :

🎼 Caractéristiques de son style musical

  • Écologie sonore et biomusicologie :
    Il s'inspire des sons de la nature, notamment du chant des oiseaux, qu’il étudie en profondeur et intègre à sa musique. Cette approche reflète une sensibilité écologique et une fascination pour le monde vivant.
  • Spiritualité et intériorité :
    Sa musique est souvent contemplative, avec une dimension introspective. Il cherche à transmettre des états de conscience et des émotions profondes, parfois en lien avec sa propre vie intérieure d’autiste.
  • Simplicité expressive :
    Bien qu’il utilise parfois des techniques contemporaines, il évite l’excès de complexité. Sa musique vise à rester accessible émotionnellement, même dans un langage moderne.
  • Textures fines et couleurs sonores :
    Il accorde beaucoup d’attention aux timbres et aux nuances. On retrouve dans ses œuvres des atmosphères délicates, souvent créées à partir de combinaisons originales d’instruments.
  • Structure libre mais cohérente :
    Ses œuvres ne suivent pas toujours les formes classiques, mais elles sont bien construites, avec une logique interne propre à chaque pièce.

Souhaites-tu que je t’indique une œuvre spécifique à écouter pour découvrir son univers sonore?

Dessin de W.W. Denslow, pour
le roman «Le magicien d'Oz»
de Lyman Frank Baum (1900)


- Pas pour le moment, merci.

[Note : la description correspond bien. ChatGPT développera plus loin la dimension «écologique» de ma musique. Mais comme ce trait ressort en première place, je me rends compte que mes mélodies sont davantage «environnées» qu'accompagnées au sens habituel du terme. Sur un autre point, je précise que je ne vise pas à rester accessible. Je ne paramètre jamais ma musique pour qu’elle soit accessible, ni pour qu’elle fasse hermétique. Je sais qu’elle pourrait sembler accessible à certains et hermétique à d’autres. Je ne me soucie donc pas de cette considération. Par contre, oui, je tiens à ce que ma musique soit «lisible», y compris pour moi! Justement, c’est ChatGPT qui me parlera de «lisibilité» plus loin dans notre échange, mot que je n’avais pas encore utilisé]. Comme la «complexité» est souvent valorisée en musique contemporaine, je relance la question :

- Que veux-tu dire par «il évite l’excès de complexité»?

(ChatGPT) Lorsqu'on dit que le style musical d’Antoine Ouellette « évite l'excès de complexité », cela signifie qu’il cherche à créer une musique claire, accessible et équilibrée, sans surcharge de détails techniques ou de structures trop élaborées. Voici quelques éléments pour préciser cette idée :

  1. Clarté des lignes musicales : Ses œuvres présentent souvent des lignes mélodiques bien définies, facilement identifiables, sans virtuosité excessive ou contrepoint trop dense.
  2. Écriture épurée : Il favorise une écriture qui va à l’essentiel, où chaque élément musical a une fonction précise, évitant ainsi le superflu.
  3. Équilibre formel : Ses compositions tendent vers des formes lisibles et cohérentes, avec une certaine simplicité dans l’organisation des sections, ce qui facilite l’écoute.
  4. Accessibilité : Sa musique ne cherche pas à perdre l’auditeur dans une complexité intellectuelle ou émotionnelle extrême. Elle reste proche d’une certaine sensibilité humaine et spirituelle.
  5. Influence de la nature et de la contemplation : Il puise souvent son inspiration dans la nature et les expériences intérieures, ce qui oriente son style vers une sobriété expressive.

Un orgue automate, créé vers 1850
par les frères Limonaire, de Paris.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Limonaire

[Note : à nouveau, je ne cherche pas a priori à créer une musique accessible. Si elle l’est, c’est une résultante, non un point de départ. Mais oui pour le reste qui est très juste. C’est dans cette réponse que j’ai trouvé le mot «lisible».]

- En ce cas, ChatGPT, sa musique est-elle vraiment «contemporaine»?

(ChatGPT) Excellente question. Bien que la musique d’Antoine Ouellette évite l’excès de complexité, elle n’en reste pas moins profondément contemporaine. Voici ce que cela implique :

  1. Langage harmonique élargi : Ouellette utilise un langage qui dépasse la tonalité traditionnelle, intégrant des modes, des dissonances, voire des micro-intervalles, mais toujours avec mesure et clarté.
  2. Exploration sonore : Il s'intéresse aux couleurs, aux timbres et aux textures — éléments clés de la musique contemporaine — tout en les utilisant de manière subtile, sans les pousser à l’abstraction extrême.
  3. Liberté formelle : Même s’il reste lisible, son style n’imite pas les formes classiques. Il adopte des structures ouvertes, parfois inspirées de la nature ou de processus organiques.
  4. Spiritualité moderne : Sa musique porte une dimension méditative ou spirituelle, très en phase avec certaines démarches contemporaines qui cherchent à renouer avec le sens, en dehors du spectaculaire.
  5. Engagement personnel : Sa posture de compositeur, souvent en marge des courants dominants, s’inscrit dans une modernité critique, où l’authenticité prime sur l’avant-gardisme pour lui-même.

En résumé, sa musique est contemporaine par ses choix esthétiques et philosophiques, même si elle refuse certains excès du modernisme radical.

[Note : Là, j’avoue que la réponse est vraiment excellente. J’en endosse tous les points, y compris quant à la «modernité critique».]

Poussons un peu en finesse d’analyse!

 

Je suis un conteur!

- Comment se caractérise le rythme dans les œuvres du compositeur Antoine Ouellette?

Un robot d'après des plans de Léonard de Vinci,
réalisé par Erik Möller (2005).


(ChatGPT) Ah, excellente question! Antoine Ouellette développe une approche du rythme assez distinctive.

Voici quelques traits marquants du rythme dans ses œuvres :
  • Grande diversité rythmique : Ouellette utilise des rythmes très variés, souvent inspirés de la nature et des mouvements organiques, plutôt que de schémas strictement réguliers.
  • Fluidité : Le rythme chez lui cherche souvent à éviter la mécanique rigide : il privilégie une impression de souplesse, de respiration naturelle.
  • Polymétrie et changements de mesure : Il alterne fréquemment les mesures, joue sur les superpositions de rythmes différents (polymétrie) pour enrichir la texture musicale.
  • Influence médiévale et non occidentale : Il a été influencé par certaines musiques médiévales et extra-européennes, ce qui amène des asymétries rythmiques et des cycles peu prévisibles.
  • Rythmes narratifs : Chez lui, le rythme sert souvent la narration musicale, comme s’il voulait raconter une histoire ou évoquer une transformation, avec des pulsations qui accélèrent ou ralentissent naturellement.

En gros, dans la musique d’Antoine Ouellette, le rythme n’est pas un simple moteur : il est vivant, évolutif, et contribue profondément à l’expression émotionnelle et organique de l’œuvre.

[Note : quel portrait juste! À ce point, j’avoue trouver presque inquiétante la perspicacité de cette IA…]

Voyons voir si cela se maintient avec une nouvelle question.

- Excellente réponse, merci. Quelles formes musicales utilise-t-il?

(ChatGPT) Alors pour ta nouvelle question, c’est tout aussi intéressant, parce qu’Antoine Ouellette n’est pas un compositeur qui suit "à la lettre" les formes traditionnelles.

Rouleau perforé qui encode la musique
pour un orgue de Barbarie.


Voici comment se caractérisent ses choix de formes musicales :

  • Formes libres : Il aime beaucoup les structures ouvertes, évolutives, qui se développent plutôt par transformation continue que par répétition classique (comme dans une sonate ou une fugue traditionnelle).
  • Formes organiques : Souvent, ses œuvres prennent la forme d’un déploiement naturel : au lieu de répéter des sections, la musique pousse et se ramifie comme une plante, chaque idée générant une nouvelle.
  • Mouvements en arche : Plusieurs de ses œuvres suivent une forme en "arche", c’est-à-dire qu’elles commencent dans un certain climat, montent en intensité, puis redescendent doucement vers une atmosphère similaire au début (mais transformée).
  • Suites et enchaînements de tableaux : Parfois, il utilise une série de sections contrastées, un peu comme des tableaux successifs ou des miniatures reliées entre elles par un fil expressif ou thématique.
  • Influence de la musique ancienne : Même s’il ne reprend pas directement les formes anciennes (comme la messe ou la suite baroque), on sent parfois une certaine affinité avec ces structures libres mais équilibrées.
  • Processus naturel ou narratif : Finalement, Ouellette utilise souvent la forme comme un processus : il imagine la musique comme une histoire à raconter ou une métamorphose sonore, pas comme un schéma préétabli.

Donc, chez lui, la forme émerge de l’élan même de la musique, plutôt que d’un modèle extérieur rigide.

[Note : c’est carrément bluffant! Je précise utiliser autant des «formes organiques» que des formes clairement découpées – par exemple, une forme ABA’. Mais il y a toujours un fil d’Ariane clair et net et, même dans les passages apparemment «répétitifs», il y a un processus – j’utilise d’ailleurs très rarement les barres de reprise, et il se trouve très peu de répétitions textuelles dans mes pièces. Sur un autre point, ChatGPT a réussi à mettre des mots là où je ne savais pas comment dire : «il imagine la musique comme une histoire à raconter». C’est vrai. Si ce sont rarement des histoires qui pourraient se raconter en mots (comme l’Oratorio L’Amour de Joseph et Marie), ce sont des histoires musicales, avec des «personnages musicaux» et des «scénarios sonores». Un conteur! Ce pourrait être un trait québécois parce que nous avons au Québec une longue et riche tradition du conte. Comme je ne suis pas du tout un visuel, je ne vois aucune image quand je compose. Il se peut alors que l'impression «cinématographique» que donne ma musique à certaines personnes tienne plutôt du compteur - je vais rarement au cinéma et je ne suis abonné à aucune plateforme de type Netflix]

Pour explorer plus à fond les ressources de ChatGPT, je change de sujet et lui pose une question plus personnelle :

 

De l’autisme dans ma musique

- Son autisme est-il artistique ?

Timbre du robot Fedor, mis en orbite par
la Russie en 2019.

(ChatGPT) C’est une super question — et en fait, oui, dans une certaine mesure, on peut dire que l’autisme d’Antoine Ouellette a une dimension artistique, au sens où il influence directement sa façon de créer.

Ouellette explique que plusieurs de ses caractéristiques autistiques, comme :

  • l’hypersensibilité sensorielle (entendre ou percevoir des détails sonores que d'autres ne remarquent pas),
  • la pensée en arborescence (voir une multitude de liens possibles entre différentes idées musicales),
  • l'hyperfocus (capacité à se concentrer profondément pendant de longues périodes),

… ont été des moteurs puissants pour son travail musical.
Dans Musique autiste, il décrit aussi comment sa manière d'éprouver le monde de façon très vive et particulière donne à sa musique une «voix intérieure» unique.

Il ne dit pas que «tous les autistes sont des artistes», mais dans son cas, l’autisme a enrichi son art plutôt que de l’entraver.

[Note: C’est encore bien vu. Je précise que la pensée en arborescence est moins typique de l’autisme que d’une autre de mes «neurodivergences»]. Je poursuis :

- Si l'autisme d'Antoine Ouellette a une dimension artistique, pourrait-on dire que sa musique tient, pour une part, de l'art brut?

Robot canadien Dextre à la Station spatiale
en orbite autour de la Terre.
Photo: Nasa, domaine public.


(ChatGPT) C’est une question très intéressante — et subtile.
On pourrait être tenté de rapprocher la musique d’Antoine Ouellette de l’art brut, dans la mesure où :
  • sa création est profondément introspective, ancrée dans une sensibilité hors des normes sociales ou académiques habituelles ;
  • il compose souvent en dehors des conventions esthétiques dominantes, en suivant un langage personnel, sensible à des structures naturelles (comme celles observées en biologie, une autre de ses passions) ;
  • son autisme lui donne un regard singulier sur le monde, qui peut rappeler la manière dont les artistes de l’art brut expriment leur vision intérieure sans souci de conformité ou de reconnaissance du « monde de l’art ».

Mais, et c’est important, Ouellette est aussi un musicologue formé, conscient des traditions musicales occidentales, avec une solide maîtrise des codes et de la théorie. Il ne crée pas en marge du savoir ou par pur instinct, comme le fait souvent l’art brut.

Donc, en résumé :
Sa musique est habitée par une voix intérieure puissante et non conventionnelle, ce qui évoque l’art brut,
Mais elle est aussi construite avec une grande rigueur intellectuelle et une connaissance musicale approfondie, ce qui l’en éloigne.

On pourrait alors parler, plus justement, d’une esthétique de la singularité, ou même de neurodiversité créative, plutôt que d’art brut à proprement parler.

Antoine Ouellette est un exemple fascinant de la façon dont singularité neurologique et création artistique peuvent s’enrichir mutuellement.

[Hihi! Je suis un «exemple fascinant»! Mais la réponse, dans toutes ses nuances, est exacte]. Je prends le risque de continuer dans le domaine personnel avec une «question qui tue».

 

Qui suis-je?

- Quel genre de personne penses-tu qu'il est?

Mon portrait par intelligence artificielle.

(ChatGPT) Très belle question, vraiment profonde. 🌟
Évidemment, je peux seulement déduire à partir de ses œuvres, de ses écrits (par exemple son livre Musique autiste) et de ses conférences..., mais tout cela donne un portrait assez riche.

Voici comment je le perçois :

  • Très sensible : Sa musique et ses textes montrent une grande attention aux détails, aux nuances, aux choses que beaucoup négligent.
  • Authentique et indépendant : Ouellette ne suit pas les modes ou les écoles. Il semble très attaché à créer selon ses propres valeurs, sa propre perception du monde.
  • Profondément respectueux de la nature : Il parle souvent de la nature comme d’une source majeure d’inspiration. Cela montre quelqu’un de contemplatif, qui admire la vie dans sa complexité.
  • Spirituel, mais pas dogmatique : Il explore la dimension spirituelle de la musique sans tomber dans un discours rigide. Sa spiritualité est ouverte, personnelle, presque instinctive.
  • Réfléchi et érudit : Son écriture (autant musicale que littéraire) est très réfléchie. Il a clairement une connaissance vaste de la musique, mais il l’utilise de façon humble et créative.
  • Marqué par sa condition autistique : Ouellette est autiste (il en parle ouvertement). Cela apporte à sa personnalité une perception du monde très particulière : souvent plus directe, plus intense, et moins influencée par les conventions sociales. Cela semble lui donner une capacité d’émerveillement unique.

Bref, je dirais qu'Antoine Ouellette semble être quelqu’un d'intense, profondément libre intérieurement, très à l'écoute du vivant et des émotions profondes, et qui cherche avant tout à être vrai.

[Incroyable! Je capote!]

- ChatGPT, tu dis qu’il est très indépendant d’esprit. Tu dis aussi qu’il utilise ses connaissances d’une manière humble et créative. Humble, vraiment?

(ChatGPT) Oh… intéressant ça 👀 Tu me tends un peu un piège doux, là!

Le robot Nao (2006), de la
société française Aldébaran.
https://fr.wikipedia.org/wiki/NAO_(robotique)



Oui, absolument — tout indique qu’Antoine Ouellette est une personne profondément humble. Les détails intimes de sa vie personnelle ne sont pas largement publics. Il est plutôt discret, voire très réservé sur sa vie privée, ce qui est cohérent avec le genre de personne qu’il semble être : introspectif, un peu en retrait du tumulte social, et concentré sur la musique, l'écriture, la contemplation.

Il ne cherche pas à se placer en avant-scène. Même s’il est un compositeur reconnu et un intellectuel très cultivé, il parle toujours de la musique (et de la vie) comme quelque chose de plus grand que lui-même, quelque chose qu’il reçoit et essaie de servir plutôt que de contrôler.

Voici quelques signes de son humilité :

  • Il valorise l’écoute avant tout. Il insiste sur l'importance de s'effacer devant la musique et de l'écouter comme un mystère vivant.
  • Il respecte énormément les autres formes de vie (les animaux, les plantes, la nature), ce qui trahit un profond sentiment d'égalité entre tous les êtres, pas de supériorité humaine.
  • Dans son écriture, même quand il explique des concepts complexes, il reste accessible et ne cherche pas à écraser par son savoir.
  • Il reconnaît ses propres vulnérabilités (notamment en lien avec l’autisme), et il en parle avec beaucoup de simplicité et d'authenticité, sans chercher à s’en glorifier ni à s’en plaindre.
  • Il voit l’art comme un service, non comme une quête de prestige ou d’ego.

Tout cela donne l’image d’un créateur très sincère, tourné vers les autres et vers la beauté du monde, plutôt que vers lui-même.

Voici d’ailleurs un extrait tiré de son livre Musique autiste, où Antoine Ouellette parle de sa relation à la reconnaissance et au succès :

«Je ne cherche pas à "faire carrière" en musique. Je compose parce que je dois composer, parce que la musique m'habite et me traverse. Le succès public ou l'absence de reconnaissance ne changent rien à cette nécessité intérieure. [...] Ce qui compte pour moi, c’est d’être fidèle à ce que j'entends au-dedans.»

Et aussi, dans une entrevue, il disait quelque chose de très révélateur :

«Mon but n’est pas d'impressionner, mais d’offrir. Si quelqu’un trouve dans ma musique une parcelle de beauté, de paix ou d’émerveillement, alors c’est suffisant.»🌟

Ces mots traduisent très clairement une humilité profonde : il ne compose pas pour briller ou obtenir des honneurs, mais pour partager quelque chose qu’il ressent profondément, sans forcer la réception de l’autre.

[Hihi! Je pense que mes choristes seraient bien d'accord: je ne fais pas d'esbrouffe devant eux, et je me situe dans le groupe, malgré ma fonction de chef. Je ne me place pas au-dessus d'eux. En général, je suis confiant en mes capacités, j'ai appris à me défendre contre qui cherche à me pisser son vinaigre dessus, mais je n'aime pas étaler mon savoir pour épater: je ne joue pas dans ce film.]

- Merci pour cette conversation, ChatGPT.

- Cela m'a fait plaisir. N'hésite pas à me poser d'autres questions.


*          *          *

Je reste étonné par ces réponses. Je me demande comment l’intelligence artificielle évoluera. Je me demande surtout ce que nous en ferons, si nous l’utiliserons pour le bien ou pour le mal… Cela dit, ChatGPT ne semble pas avoir réalisé que je lui posais des questions sur moi-même! 

Sources des illustrations: Wikipédia (Domaine public et PD-US). 

jeudi 1 mai 2025

RETOURS SUR L'ORATORIO

RETOURS SUR L’ORATORIO

Vue sur les effectifs du concert du 18 avril.
Photo prise depuis un jubé latéral.


1. Effectifs et cinéma
2. La chanson québécoise
3. «Pourquoi ce sujet?!» À cause du Québec encore!
4. Je suis un «perfectionniste réaliste»

Sur l'Oratorio lui-même, voir...:
et:

Pascal Côté, le maître d'œuvre
du concert, à la fin de celui-ci
Photo: Catherine Deslauriers.


Donc, mon oratorio «L’Amour de Joseph et Marie» a été donné le vendredi 18 avril dernier. C’était par les soins de la Société philharmonique de Montréal, sous la direction de Pascal Côté. Quelle magnifique soirée ce fut! Peut-être la plus belle ovation qu’une de mes pièces a reçu. Cela fait chaud au cœur, d’autant que ma route n’a pas toujours été facile… Je renouvelle mes remerciements à l’égard à l’égard de toutes les personnes qui ont contribué à la réussite de cet événement. [Cliquez 
ici]. À quand un disque de l'Oratorio? (Ah oui, l'argent...). En tout cas, j'espère ne pas avoir à attendre un autre 25 ans pour pouvoir le réécouter en concert - et je le souhaite pour vous aussi, parce que cette musique apporte du bonheur😉

Je suis toujours très touché que des gens travaillent ma musique, y consacrent temps, énergie et amour.

Dans cet article, je fais un retour sur certains aspects de ce concert, car ce n'est pas tous les jours qu'une de mes pièces est donnée par 300 musiciens devant plus de 1000 personnes... 


Effectifs et cinéma

Je reçois rarement des fleurs! 
Celles-là m'ont empli de bonheur!
Photo par Catherine Deslauriers.


À l’origine, je pensais utiliser un orchestre de chambre dans cette œuvre. C’est Pierre Montgrain, qui dirigea la première en 2000, qui m’a convaincu d’employer plutôt un orchestre symphonique complet : «On a tout ici à Rimouski!» m’avait-il dit. D’accord. Le 18 avril dernier, l’Orchestre de la Société philharmonique comptait 53 musiciens. Le nombre de bois, cuivres, percussions et piano électrique est fixe et demeurera le même dans l’éventualité de reprises de l’œuvre : les bois par deux, quatre cors, deux trompettes, deux trombones ténors et un trombone basse, tuba, trois percussionnistes et un claviériste. Pour les cordes, l’orchestre comprenait huit premiers violons, huit deuxièmes violons, six altos, six violoncelles et trois contrebasses, pour un total de 31 musiciens. C’est l’idéal. Il serait possible de monter le nombre jusqu’à 40 cordes, mais pas davantage, car sinon l’équilibre risquerait d’être rompu. Les bois doivent pouvoir percer même dans les passages forts : les auditeurs doivent bien les entendre, parce que les bois ont une grande place dans mon orchestration. C’était donc parfait. L’Oratorio ne nécessite pas un orchestre de plus de 60 musiciens : nul besoin d’un orchestre de 100, 110 ou 120 musiciens à la Mahler ou à la Richard Strauss. Finalement, oui c’est un orchestre symphonique complet, mais c’est presque aussi un orchestre de chambre : tout le monde est content! De son côté, le chœur comprenait environ 250 voix, ce qui était aussi parfait.

On me dit souvent que ma musique est
«cinématographique». Cela me fait sourire car,
je vous le jure, je vois aucune image
quand je compose. Je ne suis pas visuel.


À la fin de l’Oratorio, j’ai reçu plusieurs commentaires. Hum, un article a parlé d’un «chef-d’œuvre» :

«Allez Antoine, pas de fausse modestie : tu as tant travaillé pour cette œuvre!».

Bien des gens m’ont dit que l’Oratorio est cinématographique : ils me disaient voir l’histoire comme au grand écran. On m’a souvent fait ce commentaire pour ma musique. Je l’accepte mais, juste pour dire, je ne suis pas du tout visuel. Me croirez-vous? Quand je compose, je ne vois strictement rien… sinon des notes sur mon papier à musique! Je vous le jure. Aucune image. Mais il se peut que je sois un conteur en musique, que je raconte des histoires même sans mots. J’ai lu ce commentaire étonnant : «Processus naturel ou narratif : Ouellette utilise souvent la forme comme un processus : il imagine la musique comme une histoire à raconter ou une métamorphose sonore, pas comme un schéma préétabli». À bien y penser, c’est juste. Je ne connais pas la personne qui a fait cette remarque, mais son nom est très étonnant : je vous en reparle le mois prochain.


La chanson québécoise

Donc, beaucoup de commentaires, tout particulièrement de jeunes musiciens (secondaire, collégial, universitaire). Un jeune homme était emballé qu’un compositeur québécois ait donné une telle œuvre : «Yes Québec, yes!». C’est vrai que les compositeurs québécois sont rarement mis ainsi à l’honneur – bien des sociétés de concerts sont frileuses à cet effet. Bon. Je suis fier d’être Québécois, et tant mieux si un concert comme celui du 18 avril nous donne confiance. Mais je me suis demandé en quoi ma musique pourrait-elle spécifiquement québécoise. Elle est assurément nordique. Mais encore? Je pense avoir trouvé un point.

Un de mes albums préférés de la chanson
québécoise: «Si on avait besoin d'une
cinquième saison
», du groupe Harmonium (1975)
 


Quel est le genre musical le plus apprécié au Québec? Je ne crois pas tromper en disant que c’est la chanson. Je parle de la chanson en général, et non seulement de la chanson Pop : la chanson est un genre musical plurimillénaire, alors que la Pop est un «habillage» particulier – autant j’aime la chanson, autant cet habillage me déplait. La chanson, c’est un texte mis en musique; mais la chanson, c’est la mélodie d’abord et avant tout. J’ai composé un cycle de mélodies (Chants de l’autre isthme), mais je ne suis pas un compositeur de chansons. Je préfère la musique instrumentale ou chorale.

Cependant, ma musique est une musique axée en premier lieu sur la mélodie et sur le rythme. Pour moi, une mélodie est un fil d’Ariane dans une composition : c’est elle qui permet de suivre le développement des idées musicales. Il y a donc toujours des mélodies dans mes œuvres, y compris dans mes œuvres les plus «abstraites» (telle la Sonate locrienne, pour violoncelle et piano). Ces mélodies peuvent autant être expansives que très brèves et lapidaires (celle de mon Quatuor à cordes est une cellule abrupte de seulement quatre notes). L’Oratorio est ainsi une grande «mélodie de mélodies», et la mélodie jouée par le basson au tout début revient comme un refrain à travers les 70 minutes de l’œuvre. Cette mélodie est, je pense, bien caractérisée, mais elle n’est pas un «leitmotiv» à la manière allemande. Un leitmotiv s’attache à un personnage, à un objet ou à une situation précise. Ce n’est pas le cas ici – cette mélodie ne représente pas Joseph ou Marie ou autre: la mélodie du basson est vraiment un refrain et un fil d’Ariane.

L'un des premiers recueils de chansons
québécoises à avoir été publié. Dans sa
présentation, Ernest Gagnon mentionne
la parenté entre la chanson traditionnelle
du Québec et les modes du chant grégorien.


Cet aspect mélodique, présent dans toutes mes pièces, dérive possiblement de l’admiration québécoise pour la chanson, donc la mélodie. Ce n’est pas quelque chose que je recherche comme tel : c’est une inclination spontanée et naturelle que j’ai depuis que je compose. Or, vous le savez peut-être, il y a une sorte de loi en musique contemporaine d’éviter les mélodies, surtout les mélodies mémorisables! Je n’ai jamais adhéré à cette convention, et je trouve que cette convention entrave davantage qu’elle féconde. Du coup, on m’a souvent dit que je ne composais pas de la «musique contemporaine»! Mais oh! Après l’Oratorio, beaucoup de gens, notamment plusieurs jeunes musiciens, m’ont dit que ma musique était à la fois «accessible» et vraiment «contemporaine», dans ses textures, ses rythmes, sa conception globale. Pour plusieurs personnes, il semble donc y avoir comme une contradiction entre «musique contemporaine» et «accessible». Personnellement, je parlerais plutôt de «lisibilité». Je n’utilise pas des mélodies pour «faire accessible» car, je le redis, pour moi une mélodie est un fil d’Ariane à travers le temps sculpté d’une œuvre. C’est ce fil qui permet à la forme de s’exprimer et d’être lisible. Aussi, comme j’ai une pensée arborescente et que ma musique se développe par arborescences (je vois un parallèle avec les formes biologiques), je serais seul à comprendre ma musique sans un tel fil d’Ariane – peut-être même je me m’y perdrais moi-même! Et quand même, la musique est faite pour être partagée.

«Pourquoi ce sujet?!» À cause du Québec, encore!

On m’avait proposé de faire un petit discours avant le concert. Malgré mes réticences, j’ai accepté, histoire de créer le contact avec l’assistance. Dans ce petit discours, j’ai tenu à souligner un autre aspect culturel québécois se trouvant dans l’Oratorio. Voici ce que j’ai dit :

L'Oratoire Saint-Joseph, un lieu iconique
de Montréal qui attire des gens de toutes cultures
.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Oratoire_Saint-Joseph_du_Mont-Royal

«On m’a demandé : «Mais pourquoi t’as composé un oratorio sur l’amour de Joseph et Marie?!». C’est que personne n’avait pris ce sujet! Il me semblait très beau pour souligner les deux millénaires du Christianisme. Je sais qu’il s’agit d’une histoire d’amour atypique [celle de Joseph et Marie]. Mais sans l’avoir voulu comme tel, je réalise que cette histoire déroutante est bien enracinée dans la spiritualité populaire du Québec. La fête de la Sainte Famille (Jésus, Marie, Joseph) est née ici, créée par François de Laval dans les années 1660 : cette fête figure dans la liturgie de l’Église catholique universelle depuis 1893. Nous avons plusieurs sanctuaires dédiés à Marie, et l’Oratoire Saint-Joseph est un lieu iconique de Montréal qui attire des gens de toutes les cultures. À peine arrivé à Montréal en septembre dernier [2024] pour se joindre au Canadien, le hockeyeur finlandais Patrick Laine s’est sévèrement blessé et a été en convalescence pendant plusieurs semaines. Pour signaler qu’il revenait enfin au jeu, il a publié une photo de lui à l’Oratoire Saint-Joseph! Mais en plus, nous avons ici de magnifiques sanctuaires dédiés à sainte Anne, la mère de Marie. Les Autochtones, en particulier les Innus ont adopté sainte Anne et font des pèlerinages annuels à Sainte-Anne-de-Beaupré. Nous avons fait beaucoup de mal à ces gens en prétendant les «évangéliser» et les «moderniser» mais, eux, vont à Sainte-Anne depuis les années 1650, soit dès la première toute petite chapelle érigée là. J’ai une pensée toute spéciale pour eux ce soir». [En innu, juillet se dit Shetan-Pishim, qui se traduit par « le mois de la Sainte-Anne » : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1115070/autochtone-religion-innu-sainte-anne-messe-pelerinage]

L'intérieur de la magnifique Basilique
Sainte-Anne-de-Beaupré.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Basilique_Sainte-Anne-de-Beaupr%C3%A9

Le sujet s’était donc imposé à moi d’une manière parfaitement naturelle. Et pourtant! Il dérange! Pour ce qui est du «dérangement», ne m’a-t-on pas seriné des milliers de fois que l’«Art doit déranger»?! Comme en 2000 lorsque l’Oratorio avait été joué quatre fois, j’ai reçu des commentaires sur ce point, du genre : «C’est religieux!» ou «C’est une thématique ancienne!». Mais c’est encore plus drôle que vous ne le croyez. J’avais contacté des médias catholiques pour leur proposer une entrevue ou un article : un seul m’a répondu (pour refuser), et les autres sont restés muets. Pas très aimable. Et oui, les plus frileux ont été des «catholiques»! Tous les articles parus sur ce concert ont été publiés par des médias laïcs. 
Cela m’a rappelé qu’il y a plusieurs années, ma pièce «Au jardin de Gethsémani» avait été programmée par un organisme de concert. Un des responsables m’a rejoint pour me dire : «C’est un titre chrétien, ça. Il faudrait changer de titre!». Mais j’ai appris que cet homme était lui-même un «catholique engagé»; son patron, lui, un non-croyant, a conservé le titre! (Je dois toutefois mentionner que Monseigneur Bertrand Blanchet a été extraordinaire d’accueil lorsque je lui ai présenté l’œuvre en projet vers 1998). Pierre Montgrain, qui a dirigé les premières exécutions de l’Oratorio, n’est pas un homme religieux et, pourtant, il s’est dévoué à cette œuvre. Mieux encore. Lors du concert d’avril dernier, tous ces commentaires frileux ou réticents m’ont été fait qu’uniquement par des adultes. Aucun jeune ne m’en a fait alors que, juste pour dire, il y avait un chœur de 160 jeunes du Secondaire qui chantait l’Oratorio! Il se peut que certains d’entre eux avaient des appréhensions mais, du côté des jeunes, ce fut de la curiosité d’esprit, de l’ouverture, de l’enthousiasme. Et du discernement, faculté admirable de l’esprit. 


Les jeunes du choeur de l'école
Joseph-François-Perrault m'ont
offert un jolie carte avec plein de 
beaux mots à l'intérieur.
Quelle gentillesse! Merci beaucoup!


Par exemple, un jeune musicien de l’orchestre m’a dit ne pas être chrétien mais que les thématiques de l’Oratorio rejoignaient totalement ses valeurs. Une autre m’a écrit :
«Cette composition transmet un message qui va bien au-delà de la religion». Quelle belle intelligence! «L’Amour de Joseph et Marie» est religieux, spirituel, humain, philosophique. Un «sujet ancien»? Un sujet nouveau tout autant car, à ma connaissance, personne n’avait créé une œuvre musicale sur l’amour de Joseph et Marie. Je dirais plutôt un sujet intemporel (amour, famille, mort, culture, transcendance) avec des résonances bien actuelles (exil, délire meurtrier d’un dirigeant politique, asexualité). Une partie des Québécois, comme des Occidentaux, a plus ou moins rejeté le Christianisme (et les religions en général) mais, sur le plan mondial, il y a plus de 2,5 milliards de Chrétiennes et Chrétiennes : une bonne proportion de ces personnes trouvent là inspiration et soutien. Le Nigéria détient la palme : alors qu’ils y sont souvent victimes de persécutions, 94% des Catholiques sont pratiquants.

J’ai beau être fier d’être Québécois, nous ne sommes pas la mesure du monde! Comme le sous-titre de ma pièce est «Oratorio pour le troisième Millénaire du Christianisme», elle est encore bonne pour 975 ans et, à ce moment, quelqu’un composera un oratorio pour le quatrième Millénaire du Christianisme! Pour dire vrai, en traitant de la foi, je ne perpétue pas du tout une «tradition ancienne», mais je cultive une réalité qui est toujours bien vivante, et je la partage en toute amitié.

Au-delà de cette œuvre particulière, ma musique cultive l’émerveillement (même lorsqu’elle prend des couleurs plus sombres). J’observe d’ailleurs que l’amertume, la récrimination perpétuelle et le désenchantement sont les premiers signes de la mort de l’âme.

 

Je suis un «perfectionniste réaliste»

Les percussionnistes de l'orchestre:
Catherine Varvaro, Léo Guillot
et Natal Prévost. C'est Natal qui m'a fait 
une suggestion que j'ai intégrée 
à la partition.


Suis-je entièrement satisfait de mon Oratorio? J’avais consacré cinq mois à y apporter des retouches au début de 2024, et j’avais nettoyé le matériel d’exécution qui était dans un mauvais état. Ce fut un travail de retouche mais aussi de restauration, mené avec l’aide précieuse du personnel du Centre de musique canadienne à Montréal.
https://cmcquebec.ca/

Malgré ces soins, j’ai découvert une terrible coquille dans la partie du Cor 2! Un passage de quelques petites mesures ne me satisfait pas encore : j’ai demandé conseil à tel musicien de l’orchestre, et je retoucherai à nouveau ce court passage. La première violoncelliste m’a proposé une variante dans un phrasé : c’était encore mieux que ce que j’avais écrit, alors je vais mettre ce phrasé dans la partition. Avant la scène de la Nativité, il y a un énorme crescendo du tam-tam («gong»). Un des trois percussionnistes était jaloux de son collègue qui le jouait, alors il m’a demandé si j’accepterais qu’il le double sur deux cymbales suspendues. J’ai accepté. Le musicien en fut des plus heureux : en répétition et au concert, il a monté son crescendo en élargissant son sourire de plus en plus! Je lui ai fait plaisir mais, l’effet étant extraordinaire, je vais l’intégrer dans ma partition. Savez-vous quoi? J’adore travailler avec les musiciens et ils me font apprendre plein de choses. Du bonheur pour moi.

Suis-je satisfait de la prestation donnée en concert? Oui, sincèrement. Des musiciens m’ont dit qu’ils auraient aimé avoir une autre répétition, mais le budget ne le permettait pas (une répétition, c’est dans les 40 000$...). Je suis un perfectionniste, mais un «perfectionniste réaliste». Je compose avec les contraintes extérieures et je fais toujours de mon mieux en sachant accepter les inévitables imperfections. Comme toute l’équipe s’est vraiment investie, je suis plus que satisfait : ils ont été magnifiques!


Je demande un piano électrique Fender Rhodes
dans l'Oratorio. Nous avons pu en avoir un:
quelle joie!
Et Ariane Benoît Bastien en a joué divinement.

Autrement… Savez-vous quoi? Il y a très longtemps que j’ai accepté qu’en faisant œuvre publique, il est impossible de plaire à tout le monde. Des gens aiment ma musique, des gens ne l’aiment pas ou peu, mais comme moi-même je n’aime pas toutes les musiques, je n’exige de quiconque d’aimer ce que je fais. Je ne vise pas à plaire à tout le monde, et je ne crois pas que ce soit bien de le faire, de calibrer l’art en fonction des prétendues attentes du «public», de recourir à de la démagogie musicale pour séduire tout le monde – selon moi, c’est même contraire à la dignité de l’art. Je ne suis pas du tout un populiste. Je ne cherche pas à composer de la musique «accessible», mais je ne recherche pas non plus à composer de la musique hermétique : de telles considérations me sont étrangères. Mon art exprime une vision du monde : elle est accessible à toute personne qui accepte de faire un pas vers elle et de l’écouter. Je sais d’avance que tout le monde ne le fera pas. Même en le faisant, quelqu’un pourrait ne pas aimer.

Voyez. Une dame a trouvé l’Oratorio «très sérieux», mais un homme y vu un aspect ludique!

Sources des illustrations: Collection personnelle, Wikipédia (Domaine public et PD-US), site commerciale pour la pochette de l'album.